Interview
 

LA GALERIE LA GÂTERIE

par ADÈLE FUGÈRE

C’est la rentrée pour La Gâterie à La Roche-sur-Yon. Ce lieu de création contemporaine fête cette année ses 15 ans d’existence. Il n’en fallait pas plus pour pousser sa porte et échanger sur les missions de cet espace d’art atypique ouvert à toutes les disciplines et notamment le son.

10 septembre 2025. Au 17 Place du Marché, rien n’augure qu’à quelques kilomètres d’ici des manifestants bloquent des ronds-points. La rentrée est plutôt calme à La Gâterie. On distingue une projection derrière un lit défait sur lequel est posé un ordinateur (installation de l’exposition « Post-partum 144p - Maman me croit susceptible » de Capucine Massuyeau), Kai, une jeune artiste yonnaise, rouleau à la main, peint de blanc des casiers et c’est autour d’un café que Léa Corredig, chargée de coordination et de médiation et Nicolas Le Gleut, président de l’association Transversale - soutien de la galerie - accueillent. 

15 ans que La Gâterie existe. 15 ans qu’elle propose expositions, ateliers, concerts, scènes ouvertes, performances. « Ouvrir une galerie d’art contemporain dans une ville moyenne comme La Roche-sur-Yon pouvait, à l’époque, paraitre incongru. Ce n’est pas si facile que ça de passer les portes d’une galerie d’art. Les gens ont souvent l’impression que c’est un monde à part, élitiste, pas fait pour eux » explique Nicolas. « Mais on sentait qu’il pouvait y avoir un public. Et on a eu, dès le départ, le soutien de la municipalité puisqu’on a répondu à un de leur appel à projets. Et on a été retenus. »

La Gâterie c’est, à sa création en 2010, 4 associations (Domino Panda, Nomades, Courbe(s) et Arthymus) qui décident, ensemble, de créer un lieu d’expérimentation pluridisciplinaire ouvert à tous. De collectif, elle passe sous bannière associative et accueille, certaines années, jusqu’à 4000 visiteurs. « On a un public d’habitués. Des fidèles qui viennent régulièrement. Mais l’autre jour, j’ai vu une personne passer la porte pour la première fois alors qu’elle vit juste à côté depuis plus de 20 ans » sourit Léa. « On a aussi pas mal de jeunes. On a la chance, à La Roche-sur-Yon, d’avoir plusieurs lycées qui proposent des cursus en arts plastiques. On voit passer des étudiants des Beaux-Arts et on a créé un lien avec l’IUT. C’est plutôt sympa. » « Et même si nous ne sommes pas spécialement focalisés dessus, on essaye d’exposer le plus souvent possible le travail d’artistes yonnais reconnus » complète Nicolas.

Des résidences d’1 ou 2 mois sont alors proposées aux performeurs, plasticiens, musiciens et autres artistes en tout genre. L’objectif : une liberté totale de création et l’opportunité de montrer ses œuvres.Tous les ans, un appel à candidature est lancé. Environ 300 artistes répondent. 3 ou 4 artistes sont retenus pour l’année. « La galerie est notamment ouverte au public yonnais. On met en place des ateliers pour les enfants, de la micro-édition, des goûters Fanzine… » La Gâterie est d’ailleurs la première et seule bibliozine de France, une bibliothèque destinée à recueillir et partager des œuvres issues de l’édition alternative et du DIY, telles que les estampes, les sérigraphies, les livres-objets et bien sûr les fanzines.

Et la musique dans tout ça? « Il y a toujours eu la volonté d’avoir un pan musical à La Gâterie » rappelle Nicolas. « Elle est issue de ça puisque l’une des associations fondatrices est musicale. Et tous les ans, au mois de février, on organise le Festival In-Ouïe qui propose plusieurs concerts de musiques expérimentales. On accueille aussi des choses plus confidentielles. Il y a quelques temps, un jeune musicien est venu performer chez nous. Il a bluffé tout le monde en proposant quelque chose de vraiment qualitatif alors que jusqu’à maintenant il ne jouait que dans son garage. C’est aussi ça la vocation d’une galerie, mettre le pied à l’étrier. » 

Mais comment intéresser à l’art contemporain ? « A la gâterie » répond Nicolas, « j’ai l’impression que la porte d’entrée c’est le fanzine. Parce que le fanzine, c’est populaire. Ce n’est pas prétentieux. Une fois sur place, le public peut alors découvrir et déambuler dans les expositions ou les installations contemporaines. » Léa précise : « La Gâterie n’est pas seulement un lieu où l’on regarde. On peut participer. Créer. Expérimenter sur place. C’est plus ouvert qu’une galerie traditionnelle. L’accès au contemporain est donc, je pense, plus abordable. »

15 ans après sa création, vers quoi La Gâterie s’oriente-t-elle ? « On aimerait sortir de la galerie. Faire des choses un peu plus à l’extérieur. Et s’ouvrir au mécénat d’entreprise » répond Nicolas. « Je pense qu’allier l’artistique et l’entreprenariat, ce n’est pas du tout antinomique. D’ailleurs, si certaines entreprises sont intéressées, qu’elles n’hésitent pas à prendre contact avec nous. » L’appel est lancé.

Mais au fait, d’où vient le nom de « Gâterie »? « D’un lapsus. Un jour, l’un des fondateurs a dit gâterie à la place de galerie. On a préféré le t  au  l. C’est resté. » sourit Nicolas.

Prochain temps fort de La Gâterie : 

Exposition Orles d’Hélène Delépine du 20 septembre au 31 octobre 2025

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