Le parcours solo du nantais Benoît Guchet est une représentation assez radicale du phénomène "control freak". Avec une temporalité de montagne, il produit tous les 2000 ans un disque pour lequel il aura minutieusement assumé l'essentiel des rôles, artistiques comme techniques, et mis au chômage tous ses amis. En parallèle d'autres projets moins solitaires (Bantam Lyons, Yes Basketball, Classe Mannequin), il produit avec Fairy Tales in Yoghourt une folk tirée de tous les côtés, autant vers le minimalisme le plus cru que vers les fantaisies psychédéliques et les recherches en tous genres.
Le tout forme des chansons pop dont les principaux points communs sont des mélodies toujours impeccables, une guitare et un songwriting tranquillement virtuoses, des arrangements aux couleurs inédites et une voix fragile et haut perchée allant chercher chez Neil Young ou Robert Smith ; dessinant l'introspection, les amours perdues et les remèdes plus ou moins effcaces. Dans ces grands écarts, on croise aussi Nick Drake, Steve Reich, Tom Jobim, Andy Shauf, Deerhoof, et pas mal d'inconnus. Si la réputation de l'artiste n’est plus à faire sur la scène nantaise il y a fort à parier que la sortie de son premier album « Shape Mistakes » fasse parler de lui bien au-delà.