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LA MUSIQUE DANS LA VOITURE

PAR ADÈLE FUGÈRE
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On va mettre les choses au clair une bonne fois pour toute. Alors non, je ne vous engueule pas (du moins pas encore) mais il y a quand même quelques règles à respecter dans un habitacle de voiture de facto restreint.

Je passe rapidement sur le vomi post-biberon de votre enfant de 15 mois voire celui post-biture de votre ami de 35 ans - sensiblement moins pardonnable parce que votre ami (qui risque de ne plus l’être puisqu’il a vomi) n’est tout simplement pas votre enfant - qui sont évidemment à proscrire d’emblée à moins d’aimer l’odeur d’haleine de saumon fumé que vos tapis de sol ne manqueront pas de vous rappeler à chaque fois que vous y poserez le pied. Si vous aviez envie de « pécho » Nathalie dans la Twingo lors d’un covoiturage d’anthologie entre Pouzauges et La Faute-sur-Mer, il fallait y penser avant. Avant que Gégé ripoline l’intérieur à coup de litrons de bière, vin blanc et digeo mélangés et surtout régurgités. En même temps, soyons honnêtes, vous ne mettiez pas toutes les chances de votre côté en voulant conclure dans une Twingo. Mais je m’égare. Abordons une problématique beaucoup plus sérieuse que les grumeaux de Gégé collés aux vitres : qui gère la musique dans la voiture ? Ça n'a l’air de rien mais si vous ne voulez pas que vos trajets routiers deviennent de véritables chemin de croix, c’est une question à ne surtout pas négliger.

Partons du postulat que vous êtes le conducteur. De fait, vous êtes occupé. Occupé à tenir le volant. Occupé à regarder la route. Occupé à contrôler les rétroviseurs. Occupé à actionner les clignotants. Occupé à klaxonner pour rien Porte de Bagnolet parce que tout le monde klaxonne pour rien Porte de Bagnolet. Et même si, de nos jours, les commandes de l’autoradio sont au volant, vous ne pouvez pas tout faire. Votre première tâche est de transporter les personnes qui se trouvent avec vous d’un point A à un point B en évitant, temps que faire se peut, de passer par la case fossé, pylône ou excès de vitesse. La playlist Deezer ou Spotify doit donc être gérée par une tierce personne de surcroit de confiance.

Je vous rassure tout de suite, celle-ci ne doit en aucun cas être placée entre les mains du ou des passager(s) assis à l’arrière du véhicule. Pourquoi ? Parce que les personnes assises à l’arrière de votre voiture sont soit vos enfants, soit votre belle-mère. Hors de question de se « taper »  trois heures de route entre La Chaize-le-Vicomte et Concarneau avec « Baby Shark Doo-Doo, Doo-Do » ou le Best Of d’André Rieu (avec l’aimable participation de Frédéric François sur des arrangements de Rondo Veneziano) dans les oreilles. Là, je vous garantis que vous vous encastrerez délibérément dans le pylône pour ne plus saigner des tympans. De plus, il est bien stipulé dans la Constitution (si, si regardez bien, article 538 alinéa 196) que ceux ou celles assis à l'arrière n’ont de toutes façons aucun droit dans une voiture parce que justement assis à l’arrière. Pourquoi croyez-vous qu’on y met les descendants et les ancêtres ?

De ce fait, le conducteur doit judicieusement choisir celui ou celle qui s’installera à sa droite. Parce que oui, ne ménageons plus le suspens, c’est bien le passager avant qui détient la clé de la playlist du trajet. Pourquoi lui ou elle ? Parce qu’à part mettre les pieds sur l’habitacle, scroller de temps en temps son compte Insta, checker le nombre d’éoliennes qu’il croise et lire les enseignes des magasins en agglomération, il n’a que ça à faire. Donc, choisissez bien - et en conscience - qui sera à la place du mort. Ne faites pas l’erreur de faire monter Monique, fan de Mariah Carey (jusque dans les extensions de cheveux) ou Gilbert, inconditionnel de feu Demis Roussos (ressemblance pileuse et dorsale oblige). Vous risquez de faire une overdose de vibes, d’airbags soufflés à l’helium et de moquettes Saint Maclou à poils longs (je vous laisse deviner à qui appartient quoi. Vous pourriez avoir des surprises) tout le reste de votre trajet. Je ne dis pas qu’il ne faut pas mettre du Mariah et du Demis plein les enceintes. Je dis juste que des gens sont morts d’épuisement à trop les écouter.

D’ailleurs pour remédier à cela, il existe une règle que j’ai moi-même mise en pratique : pas plus de deux chansons du même artiste à la suite. Et une chanson sur deux doit pouvoir être chantée. Votre petit compositeur ouzbeko-kirghizico-turkménisto-kazakh déniché grâce à vos contacts musicaux et pointus sur Twitter, oubliez-le. Mettez du français histoire d’aligner deux conjugaisons de temps en temps et surtout faites participer les occupants de la voiture. Oui, même belle-maman. On n’est pas des bêtes. Attention, il peut y avoir des pièges ! Jul et Wejdene sont à mettre dans la catégorie musique étrangère. Quand quelqu’un leur offrira un Bescherelle, on refera un point. Mais d’ici là, autant ne pas perdre en acuité sonore et grammaticale.

Autre règle non négociable : le passager laisse la chanson jusqu’à la fin. Que celui qui n’a jamais coupé un morceau au bout d’1 minute 15 me jette la première vibe de Mariah ! Et même si c’est du Éros Ramazzotti. On ronge son frein (je vous rappelle que vous êtes dans une voiture) et on respecte. Trois minutes ce n’est pas si long. Si, en fait c’est vachement long.

Enfin, arrêtons nous un instant sur le cas particulier des chansons Disney ou celles tirées des comédies musicales. Soyons précis, ce ne sont pas à proprement parlé des chansons. Ce sont des " beugleries "et toutes les règles expliquées au-dessus sont évidemment à ne pas suivre. Les chansons Disney sont à mettre pleine balle dans la carlingue et à chanter très très fort. Le très très faux est également accepté. On y va à fond. On ne se dégonfle pas. On n’est pas sur un menu Salad. Avec Disney, on est fondamentalement sur un Maxi Best Of Gras et Cholestérol bien dégoulinant sinon ça n’a strictement aucun intérêt. Tout le monde le sait, les chansons Disney sont saturées de lipides et c’est pour ça qu’on a tant de plaisir à se vautrer dans le ruisseau du « too much ». Question subsidiaire : doit-on alors se limiter à deux chansons ? Mais bien sûr que non, bon sang d’bois ! N’ayez aucun scrupule à vous enfiler un « Il En Faut Peu Pour Etre Heureux » du Livre de la Jungle, suivi d’un bon petit « Cercle De La Vie » du Roi Lion, en passant par un énorme « Les Couleurs Du Vent » de Pocahontas sans omettre un inénarrable, indéboulonnable et insupportable « Libérée, Délivrée » de La reine des pneus neige (c’était pour voir si vous suiviez).

De toutes façons, ne vous en faites pas. Playlist de ouf ou playlist de bouse, vous aurez toujours le dernier mot. Je vous rappelle que vous êtes le conducteur. Vous êtes Dieu parce que vous avez l’immense charge de mener à destination, et sains et saufs, ceux qui vous accompagnent et donc, pour des raisons de sécurité - et de santé mentale dans le cas de Mariah -, vous avez le droit de vie et de mort sur tous les morceaux choisis. Un léger petit clic du pouce (cf. les commandes au volant) et vous basculez direct sur Le Jeu des 1000 euros et son décompte au xylophone. Vous verrez, personne ne mouftera dans la Twingo.

Bonne route.

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