Les Dynamite Shakers, du rock qui secoue
En ce mois de septembre de rentrée des classes, nous avons profité de leur résidence au Quai M pour rencontrer les quatre membres des Dynamite Shakers. Trois garçons. Une fille. Une petite vingtaine d’années au compteur pour chacun, les Dynamite Shakers surprennent par leur style musical. On les attend surfant sur les tendances actuelles « popesques » voire même électro, ils nous cueillent sur du rock « garage ». On a voulu comprendre pourquoi. On est allé à leur rencontre.
18h15. Nous nous glissons dans la salle du Club du Quai M. Les Dynamite Shakers terminent une séance de travail. François, Elouan, Calvin et Lila posent leurs instruments. Fin de chantier. Du moins jusqu’à demain. Quelques échanges avec leur ingénieur du son pour régler certains détails et appréhender la dernière journée et les Dynamite Shakers se prêtent bien volontiers au jeu de l’interview entre deux volutes de fumée de cigarette.
Ils sont en résidence au Quai M depuis la veille. Trois jours à répéter, affiner, peaufiner. « On est accueillis comme des rois. On travaille dans de super conditions. Ça passe vite. Si vite. Trop vite », affirme Calvin, l’un des deux guitaristes. Cette résidence leur sert avant tout à travailler leur son. « On passe en revue tous les morceaux. On voit ce qui va. Ce qui ne va pas. On teste aussi des choses », dit Lila, la bassiste. Le mot d’ordre, c’est la précision. Les Dynamite Shakers sont exigeants. « On prend les instruments un par un. On ajuste. On fignole », ajoute Elouan, guitariste et chanteur. « Ensuite, on joue tous ensemble et on voit si un instrument ne prend pas le dessus sur un autre. Notre musique est énergique mais elle doit être audible, équilibrée et surtout envoyée d’un seul bloc. »
Les Dynamite Shakers joue du rock. « Garage ». Un rock puisé dans la fin des années 50. Un rock « sixties », qui ce serait pris dans les gencives la British Invasion des Animals, des Rolling Stones ou des Kinks. Un rock à l’ancienne aux accords simples, efficaces, directs mais absolument pas has been. « On écoute les Beatles, les Who. On aime le rockabilly. Mais on est aussi influencés par des groupes plus récents comme les Arctic Monkeys. » Mettez tout ça dans un shaker, secouez et vous obtenez le cocktail dynamité de ce groupe atypique.
Parce que quoi qu’on en dise, c’est assez incongru de rencontrer quatre jeunes de vingt ans s’emparer d’un style musical plus en adéquation avec la génération de leurs pères voire de leurs grand-pères, citer Dr. Feelgood, les Sonics ou les Dogs alors que vous pourriez être leur géniteur, en l’occurence leur génitrice. « Nous savons que ça peut paraitre bizarre. Mais c’est ce qu’on aime depuis tout petit. Au collège, je me souviens que j’écoutais en douce Les Rolling Stones », confie Calvin. « Je savais que ce n’était pas à la mode. Que les autres n’écoutaient pas ça. Que je me serais fait traiter de ringard. Mais je ne me reconnaissais que dans cette musique-là. Et c’est toujours le cas aujourd’hui. »
Les Dynamite Shakers existent, dans leur configuration actuelle, depuis 2 ans et évoluent tous les jours. Ils ont commencé par des reprises, se sont mis à la composition, y consacrent désormais tout leur temps. Rien n’est figé. Tout est à explorer. « Mais il y a quand même une constante », précise François, le batteur. « C’est la simplicité, l’efficacité, l'énergie. On veut jouer une musique lisible et qui envoie sur scène ». À la anglo-saxonne en somme. D’ailleurs quand on leur demande pourquoi les textes sont en anglais, Elouan et Lila, les deux compositeurs, répondent en coeur que c’est plus facile pour eux. Plus naturel. Le français est un peu bavard. L’anglais plus rythmique. Plus« calé » à ce qu’ils proposent musicalement.
Trois garçons. Une fille. Deux guitaristes. Un batteur. Une bassiste. Impossible de ne pas penser au groupe Téléphone. Est-ce alors compliqué d’être une fille dans ce groupe majoritairement masculin ? « Franchement non », nous dit Lila. « On s’entend tous très bien. On est tous au même niveau. Les garçons ne font aucune différence entre eux et moi. On est comme asexués. On est juste musiciens. C’est vis-à-vis de l’extérieur que c’est un peu plus compliqué. L’autre jour, dans les coulisses, j’allais pour monter sur scène, j’avais déjà ma basse dans les mains et un type m’aborde en me demandant si j’étais photographe. J’ai eu envie de lui demander si ce que j’avais là ressemblait à un appareil photo?! Comme si une fille ne pouvait pas faire partie d’un groupe de rock. Pour certains, je suis soit la groupie soit la petite amie de l’un d’eux. Être une fille qui fait du rock et qui aime en faire, ça parait encore aujourd’hui un peu… bizarre. », et Elouan d’ajouter : « D’ailleurs, Lila va prendre un peu plus de place dans le groupe. En plus de ses compositions, on va se partager le chant. Et on est tous ravis de ça. Il n’y a pas de leader chez les Dynamite Shakers. Pas d’ascendant l’un sur l’autre. On joue. Ensemble. C’est tout. Et c’est bien. »
Leur prochain single sort au mois d’octobre annonçant un album prévu, lui, en mars 2024. D’ici là, vous pouvez voir les Dynamite Shakers sur scène en première partie des Ko Ko Mo le 29 septembre au Chabada à Angers, au Bar des Artistes à La Roche-sur-Yon le 25 novembre et au Liberté dans le cadre des 45e Rencontres des Trans Musicales de Rennes le 7 décembre.
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